La désistance* désigne l’arrêt d’un parcours de délinquance ou de criminalité, impliquant des facteurs externes et des mouvements internes, propres à la personne.
Déjà dans la Grèce antique, on parlait de l’hybris, la démesure pour qualifier le crime. La démesure supposait l’intervention divine par châtiment, la némésis ou destruction pour que celui qui a fauté se rétracte à l’intérieur des limites qu’il a franchies.

Serge PORTELLI et Marine CHANEL proposent ainsi : « Le concept de désistance est plus riche et plus exigeant. Il oblige à s’intéresser de très près à la personne du condamné et à sa vie ».

Dans différents espaces de rencontres entre le condamné et les personnes ressource (professionnels de la Justice, de la Santé, du champ social ou bénévoles d’association) peuvent se créer des liens mais aussi des liens de créativité afin de reposer des limites sans némésis.

La fascination exercée par les notions de risque et de dangerosité dans nos sociétés actuelles développe une construction de la rationalité de la précaution, ce qui remet en cause la question de la finalité de la sanction. C’est ce que Jean DANET appelle les « risk managers », à propos de l’apparition de managers d’un risque assumé et géré. La notion de désistance ouvre un nouveau champ des possibles face à la catégorisation mortifère.

Raisonance pour sa onzième conférence propose autour de Caroline LEGENDRE-BOULAY, psychologue clinicienne et art-thérapeute, Jean MOTTE dit FALISSE, docteur en criminologie, expert, chargé de cours universitaires et Serge PORTELLI, magistrat et enseignant de débattre sur la nécessité de penser ensemble les liens de créativité et la créativité des liens.




*Par décret n° 2014-883 du 1er août 2014, le Gouvernement de Manuel Valls a créé l'Observatoire de la récidive et de la « désistance »