*** COLLOQUE GRATUIT SUR INSCRIPTION ***
Pour son colloque 2018, l'association Raisonance vous propose de développer le thème des sexualités et des violences sexuelles, au sein des institutions. Nos conférenciers proposeront un éclairage selon trois pôles : Santé, Justice et Social.
Comme l'an passé, ce colloque sera susceptible de se poursuivre par une journée d'approfondissement selon les souhaits émis par les participants, dans les commentaires des fiches de satisfaction.
Argumentaire :
Il est un domaine où l’institution semble muette ou discrète : la manifestation de la sexualité. Sans doute parce qu’il est question d’inconscient groupal, d’enjeux de coexistence, d’équilibre et de cohésion. Pour René KAËS, nous serions tous confrontés à la violence de l’origine et à l’imago de l’Ancêtre fondateur. Mais cette cohésion se fait aussi au prix d’une souffrance. Cette souffrance serait de ne pas y reconnaître la singularité de chaque vécu, de chaque parole, en un mot, de notre subjectivité.
La subjectivité suppose l’intime. Mais au sein de l’institution, l’intime de l’un se heurte à l’intime de l’autre soulevant la question du consentement. Dès lors, où commence la qualification de violences sexuelles commises au sein de l’institution ? Comment dénoncer sans renoncer à penser, à parler, à prendre soin ? Qu’en est-il des interdits, des règles, de la loi ? L’institution aurait-elle un air de « famille » ? Qu’en est-il de l’articulation entre la loi, le respect de l’intimité de chacun et le vivre ensemble ?
Avec nos intervenants, Mr Denis VAGINAY, Mr Guillaume COTELLE, Mme OGE, Mme GAUTIER et Mme DUCASSE, mais aussi avec des acteurs des milieux de la Justice, du Social et de la Santé, nous débattrons de cette problématique à l’occasion du 13ème congrès de RAISONANCE.
Formation réservée aux professionnels et étudiants
Intervention de Mr VAGINAY : "Sexualités ? Vous avez dit violence ?"
Toutes les sociétés sont structurées par de grands organisateurs sociaux. Les mythes et les récits mythologiques font sans doute partie des premiers d'entre eux. Dans les sociétés modernes, ces organisateurs semblent évoluer assez rapidement. Ils suivent une pente résolue qui les écarte des croyances pour les rapprocher d'une vérité vérifiée par la science. Ils réfutent la naïveté et revendiquent l'objectivité. Autrement dit, ils dénoncent tout primitivisme et s'épanouissent dans la dignité suffisante d'une noble pensée secondarisée. La sexualité et ses pratiques ont toujours été encadrées par ces organisateurs, d'autant plus que, relevant de l'intimité comme du régime des passions, elles étaient considérées comme de potentiels fauteurs de troubles.
Aujourd'hui, il est dit que la sexualité a été libérée. Elle a même intégré le domaine de la santé et est reconnue accessibles à ceux qui, naguère, en étaient écartés. Or, ces "nouveaux pratiquants" posent problème dans la mesure où ils n'ont pas encore démontré leur respectabilité. Ils continuent à hanter les esprits comme de potentiels transgresseurs et, à ce titre, doivent encore être surveillés ; sans que cette démarche soit avouable. C'est ce passage de l'interdit à la surveillance, motivé par la crainte de l'abus, qui reste délicat, pourtant, il n'est pas sûr que ces populations soient plus transgressives que celle du commun. Malgré tout, et au nom de la possibilité de déviances, elles nous amènent à nous pencher sur leurs pratiques. Donc, à plonger le nez, ou plutôt l'oeil, sur ce que nous ne devrions pas voir ; à être, à notre tour, des transgresseurs. D'où notre malaise, voire notre gêne, que n'atténue pas vraiment l'importance d'éviter, lorsque c'est possible, les actes traumatisants aux potentielles victimes.
L'un des organisateurs sociaux très en vogue jusqu'aux années 1980, le fantasme de la scène primitive, a pratiquement disparu des horizons théoriques au profit d'une psychologie plutôt basée sur le moi conscient, lucidement engagé dans ses actions. L'idée d'une sexualité saine et avouable, intégrée sous un modèle hygiéniste à une vie bien réglée, relève de cette psychologie. C'est elle qui guide le désir de contrôler la sexualité des autres et de l'orienter selon des modèles précontraints très stricts. Le malaise qui accompagne ce désir témoignerait d'un retour du refoulé, du rappel que la sexualité des autres, hors celle de nos partenaires et dans la mesure où nous ne sommes pas pervers, comme celle de nos parents, nous est interdite.