Pour cette année, l’association Raisonance a souhaité aborder la problématique des liens tant du côté des auteurs qui commettent
des passages à l’acte que du côté des professionnels et des institutions. Deux conférenciers traiteront cette double problématique,
chacun selon leurs pratiques et leur approche théorique que nous essaierons de réunir lors de la table ronde et de nos débats.
Nous présenterons la complexité des situations d'abus sexuel intrafamilial/inceste, en considérant l'interaction entre les sujets
qui forment conventionnellement la situation : la victime, le parent abuseur, le parent potentiellement protecteur mais en substance
inefficace. Nous évaluerons la dimension du secret qui lie les trois acteurs et l'effet explosif de la révélation, en considérant ensuite
les différentes évolutions possibles suggérées par les statistiques et par l'expérience tout en soulignant le thème de la protection
de la victime. Nous développerons ensuite le thème de l'évaluation du dommage pour la victime et de la « récupérabilité » pour
les autres sujets. Puis nous aborderons les parcours de psychothérapie. Nous porterons une certaine attention sur la dynamique
de négation qui caractérise toujours le sujet abuseur et sur les moyens de la contraster. Nous connaissons depuis une dizaine d'années
une extension massive des différentes formes de « soins pénalement ordonnés ». Or, l'articulation de ces notions n'a rien d'évident.
Elle conjugue des rationalités qui se présentent immédiatement comme hétérogènes : le pénal et le sanitaire, la peine et le soin, le juge
et le médecin, le délinquant et le malade. Face aux difficultés de ce « mariage contre nature », en particulier pour les différents professionnels, on cherche à promouvoir une articulation claire et efficace entre deux champs qui resteraient homogènes
et autonomes : le pénal d'un côté, le sanitaire de l'autre. Or, il s'agit de montrer qu'une telle articulation est tout à fait impossible.
Ce que l'on constate, au contraire, est une interpénétration très fine des domaines d'intervention par laquelle personne ne peut plus
savoir exactement où il se trouve entre la peine et le soin. De même que cette médicalisation de la justice produit une figure mixte
de la délinquance qui ne cesse de passer d'un registre à l'autre, du sujet transgressif qui a désobéi à la loi à l'individu fragile
qui n'est pas capable de respecter la norme.